Une visite pastorale à la périphérie : les églises de Bikombe et Kareshya dans la Paroisse de Kanyanza ont été bénies le 3 août 2018
Suite à la fermeture de certaines églises et chapelles ces derniers temps parce qu’elles ne répondaient pas aux normes de propreté et de sécurité exigées par le Ministère de l’Administration locale, j’ai été touchée par la réaction des communautés chrétiennes concernées : la ferme volonté de mettre tout en ordre pour répondre aux exigences. Ceci a eu un double effet : des plus belles églises avec propreté et sécurité assurées, mais plus encore, l’unité communautaire renforcée par la solidarité et les efforts fournis pour se mettre en ordre.
La journée du 3 août 2018 mérite notre aimable attention. Elle mérite d’être appelée une journée agréablement fatigante. Elle a commencé à 10h00’ ou plutôt à 09h00’ car il faut compter aussi le déplacement et s’est terminée à 19h00’ à Kareshya même. D’abord, les confirmations à Giko pour environ 90 jeunes écoliers. Cela dans une joie exubérante de faire cette cérémonie qui réunit beaucoup de monde dans leur belle chapelle récemment réouverte.
Eglise de Giko
Un tel travail finement réalisé par les maçons de la communauté locale est le fruit juteux de solidarité et d’abnégation de la communauté chrétienne. A coté de cette belle église le travail accompli laisse une communauté plus unie et porteuse d’un amour enrichi pour leur église.
Dans l’après-midi, à partir de 15h00’, nous quittons Giko pour nous rendre vers Bikombe et Kareshya avec deux églises chapelles à ouvrir officiellement et à bénir. Bikombe et Kareshya, deux communautés chrétiennes à la périphérique, non pas que ce soit très loin, mais que leur situation géographique les isole d’une certaine façon. Elles se trouvent sur le franc du mont Ndiza, avec ses montagnes abimées par l’érosion et l’exploitation sauvage des mines de cassitérite et du colombo-tantalite. Cela dans la confusion de la nature même du lieu, le soleil se lève très tard et se couche très tôt qu’ailleurs à cause de ses montagnes. Mais c’est très agréable de vivre dans leur compagnie. Ils sont catholiques à 80% de la population mais, malgré cela, ils se nourrissent des rumeurs troublant par leurs croyances aux mauvais esprits qui se promènent disent-ils dans la région, certains même affirment d’en avoir été témoins. Ceci a des retombées désagréables sur leurs pratiques chrétiennes comme l’usage abusif de l’eau bénite et le port du chapelet sur le cou qu’ils ne récitent pas souvent. Cela paraît comme la conjuration de mauvais esprits qu’on peut croiser ici et là, mais ils sont fiers de leur chapelle réhabilitée pour Bikombe et une nouvelle construction pour Kareshya.
Eglise de Kareshya
Kareshya comme Bikombe ne sont même pas des centrales mais des succursales. Elles sont très bien organisées plus que la plupart des centrales. Ma visite pastorale à Kareshya comme Bikombe était la suite d’une autre visite insolite que j’avais pu effectuer juste après la fermeture de leurs églises. Bien qu’elle soit inattendue, la nouvelle s’est répandue parmi les chrétiens et elle aurait donné un nouvel élan pour accélérer la construction de leurs églises. En effet, cette visite faite en pleine saison de pluie, à certains endroits, nous avons dû laisser le véhicule et nous sommes allés à pieds, un geste qui les a touchés. Mais à moi aussi, cela m’a fait beaucoup de bien de me sentir proche des gens de Kareshya et de Bikombe qui ne sont pas habitués à de telles visites.
En quittant tard dans la soirée, je suis parti avec une dette dont je m’acquitterai certainement de revenir pour célébrer la messe d’action de grâce pour l’œuvre de foi et de solidarité chrétiennes symbolisées par leurs églises particulières.
+ Smaragde MBONYINTEGE
Evêque de Kabgayi