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DIOCESE DE KABGAYI


Coronavirus-COVID-19-Libre propos d’un prêtre


Date de publication
28 mars 2020
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Abbé Joseph-Emmanuel KAGERUKA/Auteur

Introduction

Aux internautes de notre site web, je propose cette réflexion sur la consigne obligatoire du CONFINEMENT A DOMICILE. Je la rédige en forme de Carnet du Jour.

Ce jour est le sixième pour la période nationale du CONFINEMENT obligatoire pour sauver la vie de tous. Le confinement est urgé par l’autorité publique en matière de santé. Le phénomène est mondial et préoccupe beaucoup sur tous les plans de la vie.

Les mesures de protection de la population n’ont jamais été aussi rigoureuses par le passé, au risque de faire sentir que certaines libertés publiques et privées ne disparaissent pour un temps.

La perception du danger diffère d’institution à l’autre et d’individus à l’autre. L’indifférent se dit que le danger est mineur tandis que le peureux, le scrupuleux et le timoré se confinent avec inquiétude en se fiant parfois à la rumeur qui exploite la peur. En termes d’humour macabre, ce petit être invisible prend le pouvoir sur le monde entier et règle les conditions d’un nouvel ordre mondial.

UN VIRUS PAS COMME LES AUTRES MENACE LA SANTE

Coronavirus-Photo internet

La menace qui plane sur toute la planète est un VIRUS pas comme les autres avec un nom qui mérite une sémantique exégétique :

  En latin, le mot féminin CORONA signifie couronne, insigne quelque peu positif et indice de dignité. L’étymologie grecque équivalente en est synonyme χꝹρώνη.

  Dans la littérature latine ancienne, nous trouvons le mot corona chez Cicéron, Virgile, César et Horace, avec une connotation ambiante de guerre. Cicéron parle de CORONA MURALIS, CASTRENSIS, CIVICA, etc. On présume, avec ce sens, une certaine gratification une promotion, un grade avec implication de dignité publique et personnelle liée à certains mérites. L’expression connote aussi une contre-dignité : « vendere seu emere coronam » signifie vendre ou acheter des prisonniers de guerre  ! La coutume latine ancienne consistait à les couronner une fois pris en otage.

  Dans le deuxième sens plutôt astronomique, CORONE évoque une constellation céleste, telle la constellation ARIANA ou la constellation australe. Le cercle lumineux autour du Soleil est aussi une CORONA lumineuse.

  En troisième sens, CORONA évoque plutôt positivement le symbole du rassemblement, de réunion en cercle pour mieux partager, échanger.

  En quatrième sens, que l’on trouve chez César, le contexte est plutôt martial. Ceux qui connaissent César et son génie militaire auraient lu quelque chose sur la technique du CORDON DE TROUPES pour investir, encercler une place ou couvrir une position de guerre, une ligne de siège ou de défense.

  Du point de vue géographique, on trouve l’expression CEINTURE DE MONTAGNES, une corniche ou sa partie, la lisière d’un champ agricole.

  CORONA peut évoquer aussi zoologiquement la couronne qui surmonte le sabot d’un cheval.

La médecine a adopté le concept CORONA pour identifier un VIRUS MORTEL, issu d’une synthèse animale et une chaine virale. Le virus CORONA/COVID-19 est spécial, il crée une pathologie analogique à la grippe aiguë avec infection du système respiratoires. Le virus persiste surtout en milieu hibernal et pollué par les déchets nucléaires. Sa contamination n’épargne néanmoins aucun milieu géographique.

La nature de ce virus inspire une certaine inculpation des chercheurs soucieux de faire d’un homme un être-augmenté hors de la création, robuste de santé. D’autres soupçonnent une intention négative de criminelle ou peur défensive contre l’autre.

ACTUALITE DU JOUR

Au moment ou je rédige cette réflexion, je lis le tableau suivant sur la situation du vendredi 27 mars 2020 :

Ces chiffres évoluent de minutes en minutes si bien qu’à la fin de ma rédaction, on trouvera une autre situation. Pour le moment notre pays le Rwanda enregistre 50 cas contaminés et confinés pour soins intensifs.

La menace qui plane est un danger pour la santé de tous. Il n’y a pas de costaud, ni sujet plus fragile que l’autre ; chacun peut être infecté à la moindre inattention aux consignes de l’autorité compétente surtout en matière de santé et de sécurité publique. Le danger de ce virus est qu’au-delà d’une épidémie classique, une pandémie menace toute la planète. La rigueur des décisions des Etats signifie une alerte maximale en rouge. La moindre négligence ou le laxisme conduit au danger qui frappe actuellement l’Italie. On parle plus de ce pays latin qui au début a sous-estimé le danger ; un pays par nature aux habitants très conviviaux, fraternels, émotifs et très solidaires. L’Espagne subit le même sort, mais ces chiffres proportionnels à la superficie des pays démontrent que le danger frappe par le Nord pour menacer la planète entière. De la Chine où fut détecté en premier le virus sur un territoire restreint jusqu’à notre pays, on remarque que les voyages permettent facilement la propagation du virus.

PARALYSIE ECONOMIQUE ET SOCIALE, OU RECUL TACTIQUE POUR REBONDIR ?

A l’heure où je vous parle, de nombreux gouvernements ont adopté des mesures très sévères pour le souci de protéger leurs populations. Les avions qui reliaient les pays sont cloués au sol avec des implications à vases communicants. De nombreux services économiques et mouvement de masse se trouvent prohibés pour le souci de protection maximale.

Bien entendu, le travail à domicile ONLINE ne cache pas le désarroi pour ceux qui exerçaient des emplois précaires avec survie quotidienne sur le produit du travail quotidien ou ponctuel. Parmi les suites globales imprévues qui vont surgir figurent la récession économique mondiale et une relance difficile une fois la crise résorbée. Tout dépendra de la durée de l’état d’urgence et de la situation sanitaire en termes d’amélioration ou d’aggravation du danger.

Le Rwanda urge tout le monde à rester à domicile (STAY AT HOME/GUMA MU RUGO). Cette consigne s’accompagne d’autres mesures notamment :

  Le lavement constant des mains avec liquide recommandé et désinfectation par alcool ;
  La propreté absolue surtout en des lieux publics où peut sévir le danger ;
  L’interdiction de s’approcher de l’autre à moins de 1m de distance ;
  L’éternuement discret qui ne propage pas le virus
  L’interdictions de tous les rassemblements et réunions y compris les assemblées religieuses qui nous tenaient à cœur comme les messes, les prières communes en masse, les voyages en groupes, etc.

Le traitement clinique de ce virus est accompagné de précautions matérielles appropriées en vue de protéger le personnel soignant. Les gens sont aussi invitées à porter les gans aseptisés et le masque de protection surtout pour les sujets déjà contaminés.

INQUIETUDE MAIS AUSSI ESPERANCE DU RENOUVEAU PASTORAL ET SOCIAL

La lenteur à comprendre l’urgence et le niveau d’alerte génère l’inquiétude des gens. Le confinement à domicile crée des problèmes sociaux qui minaient déjà la société en crise de valeurs. Loin de moi d’évoquer ce prophétisme condamnatoire sur les misères morales, entre autres sur les familles en crises, les délinquances, les déviations contre la nature et la création divine.

En revanche, cette période de confinement oblige chacun à rester chez soi en redécouvrant sa famille, son épouse, ses enfants, ses confrères et consœurs, tout en gardant cette distance vitale de protection de l’autre. Nous sommes confinés tout en partageant la vie de famille et de communauté. La prière devient plus intense et méditative et libératrice de la peur. Le souci pour l’activisme au nom de la Pastorale cède place à la prière de demande profonde. Le Pape François nous demande à présent de reciter le NOTRE PERE avec plus de dévotion et de conviction.

Les messes quotidiennes sur ISANGO TV et les dominicales sur RWANDA TV relaient celles de RADIO MARIA qui faisait déjà un apostolat éminemment efficient avec sa catéchèse quotidienne circonstanciée.

Le reflexe prophétique de la paroisse REGINA PACIS de REMERA-KIGALI à créer une station TV on line est salutaire. Il serait peut-être opportun d’accélérer la mise en ligne satellite de cette télévision digitale qui va apporter un plus à la pastorale actuelle de communication.

Actuellement le Gouvernement rwandais encourage l’utilisation des moyens électronique pour le travail à domicile, mais la large diffusion du smartphone est peut-être une bonne solution pour une plus large information des faits.

UNE PASTORALE RENOVEE DE COMMUNION

Du point de vue pastoral, on n’a jamais vécu une période pareille avec ce confinement qui oblige tout le monde à rester chez soi par charité mais aussi par souci de responsabilité de l’un pour l’autre.

Le Diocèse de Kabgayi fait des efforts de communication intégrée depuis surtout l’année 2017, année sacerdotale qui marque le premier centenaire commémoratif des premières ordinations de prêtres autochtones. Les mausolées des abbés Balthasar GAFUKU et Donat REBERAHO rappellent cet évènement et inspirent le pèlerin sur la Cité de Kabgayi. Le pèlerin détecte un renouveau structurel sur la cité, mais reste curieux d’en savoir plus s’il y arrive pour la première fois. Le nostalgique de la cité nourrit lui aussi sa curiosité, pour voir ce qui a changé après 2017. J’évoque ce détail pour créer la curiosité pèlerine et une certaine ouverture aux richesses culturelles que nous avons.

Chers internautes, sortez de temps en temps du passionnant WATSAPP pour consulter notre site web : www.diocesekabgayi.org . Sortez du virtuel, de l’exhibitionnisme, du sensationnel, du culte de la simple image-photo des fois manipulée, pour vivre le réel. Le WhatsApp offre naturellement l’information au frais ou chaud, du reste comme les autres médias sociaux comme Facebook, Twitter et diverses applications de journaux.

Je propose en ce temps, un dynamisme nouveau pour le site web qui peut abriter des textes de fond sur des questions de fond. Pour le moment, le site web n’est pas encore bâti in extenso, mais les alertes que nous pouvons relayer sur médias sociaux devraient inspirer une lecture de profondeur.

L’Eglise encourage les médias avec un usage averti et un discernement responsable qui évite toute situation peccamineuse, toute diversion ou confusion de l’opinion. Pour la période de confinement, les médias ne devraient constituer un mur d’isolement ni un espace de dérision sur les gadgets électroniques, mais une occasion pour vivre autrement et avec profondeur la communion ecclésiale.

Les médias sociaux nous ont apporté un effet salutaire d’alerte et chacun devrait être connecté sinon le risque serait de se perdre dans son « bunker » d’ignorance. L’usage de ces médias suggère aussi pour des personnes ressources un usage moins superficiel qui se limite au culte de la photo et de l’image sensationnelle. Les utilisateurs responsables d’opinion devraient aussi mesurer l’impact de chaque phrase lancée aux groupes d’échanges. Sur ce point, on devrait être attentif au statut du groupe qui, d’une part, peuvent être publics ou purement privés avec plaisir utile d’échanger des nouvelles, sans craindre l’humour détendant pour les personnes qui se retrouvent avec bonheur.

Ces médias devraient aussi servir l’efficacité administrative. Il est clair que l’économie impose la précarité du papier qui coutent de plus en plus cher. L’ignorance de l’outil de base comme l’ordinateur et l’usage du smartphone peut marginaliser ceux qui doutent à avancer au rythme du temps. Le nombre des documents disponibles « online » invite à stocker autrement les archives sans, bien sûr, négliger la valeur de ce papier qui, un jour, servira de preuves irréfutables ; et le temps lui donnera plus de valeur que vous ne croyiez.

Ces médias nous invitent à plus d’imagination dans des périodes comme celle du confinement chez soi. La réflexion théologique, spirituelle et pastorale ne devrait pas attendre une sortie de presse qui coûte de plus en plus cher et dure longtemps avec risque de péremption rapide. Le confinement qui donne plus de temps à la prière et à la méditation invite aussi à produire avec plus de concentration.

CONCLUSION

Chers internautes, confinons-nous en priant avec plus de foi et de conviction. Ce temps est un temps de grâce et moins de repliement sur soi dans la peur et l’inquiétude pour le lendemain. Avec cette réflexion que je considère comme une simple opinion, je pressens finalement un renouveau culturel et pastoral que le temps nous aidera à organiser une fois le danger résolu. Les rédacteurs ou personnes ressources de pensée peuvent estimer l’utilité de la sage réserve, et ils ont raison car l’évènement du CORONA virus est un phénomène éminemment défiant. Quand on lit l’événement sur l’impact de ce virus en Italie, on est effectivement timoré par le nombre de prêtres victimes du dévouement pastoral pour les malades. On pense aussi au danger que court le personnel soignant. Le mode de propagation de ce virus crée aussi une certaine panique, car il peut s’emmagasiner et se révéler tardivement.

Je ne voudrais pas aller dans le détail technique de cette information qui, du reste, reste sujet de brûlante actualité et recherche scientifique en termes de préventions et traitement clinique. Le moment viendra où nous ferons une réflexion beaucoup plus technique et appuyée du point de vue rédactionnel.

Restons unis durant cette période de confinement et prions pour toutes les victimes de ce virus.


Abbé Joseph-Emmanuel KAGERUKA
Chancelier du Diocèse de Kabgayi

Journal du Vendredi 27 mars 2020.


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